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Visite de l’exposition ‘Black is Beautiful’ de l’artiste Faith Ringgold

“Je voulais montrer qu’il y avait des Noirs quand Picasso, Monet et Matisse faisaient de l’art. Je voulais montrer que l’art africain et les Noirs avaient leur place dans cette histoire.” Faith Ringgold

Jeudi 15 mars, les élèves de 3e5 se sont rendus au musée Picasso pour découvrir l’exposition “Black is Beautiful” de Faith Ringgold en compagnie de Mme Ameijeiras, Mme Alonso et Mme Haque.

Une guide conférencière a accompagné leur visite et leur a présenté l’histoire des différentes oeuvres, leurs liens avec le contexte historique (la lutte contre la ségrégation raciale aux USA), mais aussi avec le cheminement intérieur de l’artiste dans sa relation à l’art et à l’identité.

Elle utilise des techniques et matériaux différents pour raconter des ‘histoires’ : l’huile sur toile, la peinture sur tissu/quilt (assemblage de tissus – sa mère était couturière), les masques, utilisation d’enregistrements audio et chansons. Elle porte une attention particulière à la couleur et l’esthétisme, comment représenter la peau noire et la mettre en valeur.

           ‘My art is my voice’ (mon art, c’est ma voix)

Les oeuvres de l’artiste sont exposées pour la première fois en France et au musée Picasso du fait de références au travail de celui-ci dans certaines oeuvres.

Le tableau “American People #20” Die fait écho au tableau Guernica peint en 1937 par Picasso. On retrouve dans le tableau de Faith Ringgold la construction géométrique avec les lignes verticales et obliques, la perte d’équilibre avec les mouvements, le fond gris, le thème de la violence, de la guerre et de la mort, qui culmine en une dénonciation de l’absurde : les corps sont parsemés ici et là. Détruire la vie, pourquoi? Dans le tableau de Faith Ringgold blancs et noirs s’entretuent, alors qu’ils sont semblables, habillés de la même manière, pendant que deux enfants se tiennent dans les bras l’un de l’autre, témoins horrifiés de la scène.

Une autre référence à Picasso est présente dans le tableau “Picasso’s Studio: The French Collection Part I, #7”. Faith Ringgold représente le peintre lui-même face à un chevalet peignant les demoiselles d’Avignon. Elle s’est représentée elle-même au centre, pour donner une place aux personnes noires dans l’histoire de l’art, et rappelle avec les masques placées au coin en haut à gauche, que Picasso s’inspirait entre autre d’art africain, mais que pourtant il ne représentait jamais de personne à peau noire dans ses tableaux.

Le retour des élèves

‘Faith Ringgold est une femme afro-américaine. C’était une professeur d’art avant d’être artiste, féministe et activiste. Elle est célèbre surtout aux Etats Unis’ (Melody)

‘La taille des tableaux leur donne de la beauté. Ils sont impressionnants.’ Aïcha

‘Le tableau “Die” m’a marqué parce que :  c’est une scène de crime (Ismaël), c’est rare de voir de la violence dans un tableau.’ (Manel)

 

‘J’ai beaucoup aimé le tableau “American People”, “Rape” et “Study Now ». « Study Now » car la femme représentée est courageuse d’avoir été la seule étudiante noire à aller dans une université avec que des blancs.’ Mariame.

‘Rape est intéressant car c’est un thème peu abordé et j’aimerais qu’il le soit plus’. Hania

 

‘J’ai bien aimé les tableaux qui ressemblent à des exposés sur Martin Luther King, Sojourner Truth, Harriet Tubman.’ Sybille

   

‘L’histoire de chaque tableau est intéressante.’ Aïcha

‘Il y a beaucoup de tableaux, ils sont tous différents, et elle fait beaucoup d’aplats.’ Gaëtan

‘Le tableau qui m’a marqué est “Uptight Negro” parce que les couleurs, l’ambiance, la forme du tableau étaient intéressants.’ Gaëtan

‘J’ai trouvé la visite agréable, la guide était joyeuse, la visite magnifique. Mon tableau préféré était celui avec le drapeau des USA en sang car je trouve qu’il représente toujours la situation actuelle du pays, l’injustice, la violence, la haine et le racisme qu’on trouve là-bas.’ Natacha

‘Mon tableau préféré était celui avec les visages en couleur. En diagonal il y avait écrit ‘Black Power’ en noir. L’exposition était bien en général. Les tableaux étaient beaux et avaient du sens’. Fatima

‘J’ai beaucoup aimé cette visite. La guide expliquait d’une manière très agréable. J’ai personnellement apprécié cette visite, cela m’a permis d’en apprendre plus sur la ségrégation et sur les supplices que vivaient les femmes noires. Ce n’est pas vraiment mon style de peinture mais j’ai beaucoup aimé les messages que Faith Ringgold veut nous faire passer. Je pense que c’est une femme courageuse car elle crie haut et fort (elle peint) ce que les autres pensent tout bas. Le tableau « Neighbour » fut mon préféré. J’ai beaucoup aimé l’ambiance macabre du tableau’. Julie

“Mes tableaux préférés sont « Le café des artistes » et « Die » car j’aime bien leur style, les personnages, les couleurs’. Iyad

‘Ce fut une exposition très plaisante et instructive. C’est une exposition très bien organisée, Faith Ringgold affirme ses idées à travers ses tableaux, sculptures et livres. On y voit une femme engagée. On apprend beaucoup de choses sur elle, sa famille, et les gens qu’elle côtoie. J’ai particulièrement aimé les tableaux/affiches féministes « Woman Free Now », « woman free » avec des couleurs qui sont symboliques : le violet (féminisme), le rouge et le vert (couleurs du drapeau panafricain). Je me sens particulièrement touchée par la cause. Je suis partie de la visite avec plus de connaissances.’ Hania

 

Citations de Faith Ringgold

‘Je ne voulais pas que les gens puissent regarder et détourner le regard, parce que beaucoup de gens font ça avec l’art. Je veux qu’ils regardent et voient. Je veux agripper leurs yeux et les maintenir ouverts, parce que c’est ça l’Amérique.’

‘La question était simplement de savoir comment être noir en Amérique. Il n’y avait pas moyen d’échapper à ce qu’il se passait à l’époque (les années 1960) : il fallait prendre position d’une manière ou d’une autre, car il n’était plus possible d’ignorer la situation : tout était soit noir, soit blanc, et de manière tranchée’.

‘Je voulais m’engager désormais dans la ‘lumière noire’, dans des nuances chromatiques subtiles et dans des compositions basées sur mon intérêt nouveau pour le rythme et les motifs africains.’

 

 

Biographie sélective de Faith Ringgold

1930 Naissance de Faith Jones (elle prendra le nom Ringgold, son deuxième mari, en 1962). Sa famille vit à Harlem, berceau du mouvement de renouveau de la culture africaine-américaine connu sous le nom de la renaissance de Harlem qui subit alors de plein fouet la Grande Dépression. Ce quartier de New York est au coeur de la vie et de l’oeuvre de Faith Ringgold.

Au milieu des années 1950, Faith Ringgold commence à enseigner l’art dans des écoles publiques à New york après avoir passé un master dans les arts. Elle s’arrêtera dans les années 70.

1954-1968 Mouvement des droits civils – mouvement social pour mettre fin à la ségrégation raciale et permettre aux personnes afro-américaines de voter. Comme figures notables : Martin Luther King assassiné en 1968, Rosa Parks, Angela Davis, et Malcolm X assassiné en 1964.

1956 Rosa Parks refuse de laisser sa place dans un bus à une personne blanche, elle est arrêtée par la police. Début du boycott des bus.

1962 Assassinat du Président Kennedy.

1963 Faith Ringgold commence la série de tableaux “American People” (1963-1967).

1965 The Voting Rights Act est passé aux Etats Unis, interdisant les pratiques discriminantes en place pour décourager les afro-américains de s’inscrire sur les listes électorales pour voter.

1966 Le travail de Faith Ringgold est présenté lors de l’exposition collective intitulée “Art of the American Negro’ première exposition à réunir des artistes africains-américains à Harlem depuis les années 1930.

1967 Faith Ringgold prépare sa première exposition personnelle à la Spectrum Gallery de New York, “American People”. Faith Ringgold entame sa série Black Light. Elle y célèbre la beauté noire nouvellement revendiquée comme un sujet de fierté par les noirs-américains, notamment au travers du Black Arts Movement fondé par Marcus Garvey et du slogan “Black is Beautiful”.

1968 Le 17 novembre, Ringgold organise une manifestation devant le Whitney Museum of American Art à New York. Avec une trentaine d’artistes elle dénonce l’absence d’oeuvres d’africains-américains dans l’exposition. Ils organisent conjointement l’exposition “Invisible Americans : Black artists of the 1930s”.

La même année, assassinat de Martin Luther King (un des leaders du Civil Rights Movement) par un suprémaciste blanc.

1970 Ouverture de l’exposition “The People’s Flag Show” organisé par Faith Ringgold et deux autres artistes. Quatre jours plus tard, la police ferme les lieux et arrête les organisateurs pour profanation du drapeau national.

1971 Faith Ringgold et sa fille Michele manifestent devant le MoMa avec les membres de l’art Workers’ Coalition en solidarité avec les prisonniers d’Attica et pour demander la démission de Nelson Rockfeller. Elle créee une affiche United States of Attica pour immortaliser la révolte.

1976 lors de la célébration du bicentenaire de la déclaration d’indépendance des Etats Unis, dans laquelle Faith Ringgold comme de nombreux Africains Américains ne voient pas de raison d’y participer, elle développe une oeuvre multimédia “The Wake and Resurrection of the Bicentennial Negro’

1980 Faith Ringgold et sa mère commencent un projet Echoes of Harlem. Cette œuvre est sa première peinture sur quilt. Ses quilts à histoires sont ses oeuvres les plus célèbres.

1991 Premier livre pour enfant de Faith Ringgold, Tar Beach qui sera suivi de plusieurs autres.

2019 le MoMa (Museum of Modern Art) de New York décide d’accrocher à côté des demoiselles d’Avignon de Picasso le tableau Die de Faith Ringgold, trois ans après avoir acheté le tableau. Une femme noire peut être considérée comme une grand artiste, avec un sujet de tableau politique et polémique.

Culture prioritaire, l’aventure continue!

Après une séance préparant à la posture pendant le stage, avec des exercices et mises en situation en temps réel en octobre, les élèves de 3e5 ont pu bénéficier d’une séance de ciné club en vostfr début décembre.  Le film étatsunien ‘the green book’ (bande-annonce ici) a permis d’aborder le thème de la ségrégation raciale mais aussi l’amitié.

Le vendredi 6 janvier les élèves ont participé a un atelier de création d’entreprise. Par 3 ou 4 ils ont travaillé ardemment sur la répartition des tâches au sein de leur entreprise, de quel produit ils souhaitaient produire, à qui le vendre, comment le présenter…

Chaque équipe a pu présenter à la classe le fruit de son travail et même une ébauche numérique pour promouvoir leur produit ! Les 3e5, investis plus que jamais.